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Que peut espérer le Moyen-Orient avec Trump ?

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Alors qu’avec H. Clinton, le Moyen-Orient aurait su à quoi s’attendre (dans la plus pure continuité des mandats Bush et Obama), l’élection de Trump pourrait rebattre les cartes et ajouter un peu plus de complexité à des relations plus que difficiles entre les Etats-Unis et les pays de la région.

Après quinze ans (au moins) d'interventionnisme continu au Moyen-Orient, le repli américain ?
Après quinze ans (au moins) d’interventionnisme continu au Moyen-Orient, le repli américain ?

Oubliez la rhétorique anti-islam et réfugiés de Trump. Elle a plus servi à attirer des milliers de votes qu’à constituer une politique réellement défendable à l’échelle du pays. Car Trump est plus intelligent que ça : il saura trouver avec les dirigeants arabes la même volonté de défendre les intérêts nationaux avant de penser au reste du monde. Résultat, il est probable que l’interventionnisme américain décline dans la région, sans pour autant devenir généralisé.

Le cas de l’Iran est ainsi central, ainsi que le traditionnel équilibre entre sunnisme et chiisme. Trump avait maudit l’accord sur le nucléaire iranien signé par son prédécesseur, car il remettait dans le jeu des puissances une nation nettement anti-américaine. Trump osera-t-il revenir sur cet accord en donnant des gages aux puissances sunnites (et à Israël) inquiètes de ce retour ? Faute d’alternatives crédibles à cet accord, cela reste improbable. Néanmoins, voilà l’une des nombreuses questions qu’aucun analyste ne s’était posé avant l’élection, s’arrêtant à la rhétorique violente de Trump sans interroger réellement son programme, le pensant tout simplement incapable de gagner.

Plus généralement, le repli voulu par Trump en guise de politique étrangère n’est pas nécessairement incompatible avec un abandon d’un interventionnisme au moins économique, si ce n’est politique. Si l’on suit Trump, l’Amérique ne sera plus le gendarme du monde, mais son avis continuera d’être important. Trump a toujours publiquement défendu les dirigeants autoritaires, puissent-ils flirter avec des relents dictatoriaux (Kadhafi, S. Hussein, etc.), car ceux-ci peuvent être efficaces dans la lutte contre le terrorisme. On comprend ainsi aisément le rôle que pourrait jouer Al-Assad en Syrie contre ces terroristes, et donc le soutien que pourrait lui apporter Trump, à rebours complet de la position occidentale jusqu’alors. Voilà pourquoi un accord avec Poutine au sujet de la Syrie pourrait, enfin, devenir plausible.

Un Moyen-Orient plus souverain? Certainement pas!

Pour le reste, la présence militaire américaine dans la région sera probablement réduite, mais l’influence économique et financière perdurera. Les pays du Golfe paieront pour leur protection via des achats d’armes américaines et ne devront plus compter sur la seule présence de l’US Navy. Sur les autres conflits actuels, comme au Yémen, Trump n’accroitra pas les intérêts américains dans la résolution du conflit, au probable grand dam des puissances sunnites.

Mais ne vous méprenez pas : une Amérique plus isolationniste ne rendra pas sa souveraineté pleine et entière à la région. Premièrement, car celle-ci ne le veut ni ne le peut pas. Deuxièmement, car cela fait de nombreuses années que les Etats-Unis ne sont plus la seule grande puissance étrangère à compter dans la région. La Russie sera présente militairement, la Chine et l’Inde économiquement, voire l’Europe. Et puis il était difficile d’être plus interventionniste que ce que l’Amérique a été depuis quinze ans…

L’élection de Trump a ouvert une vague d’incertitudes, en grande partie liée à des élites médiatiques et scientifiques incapables d’imaginer une ère Trump. Maintenant que nous y sommes, les surprises sont à prévoir !

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